Depuis mon dernier post, les évènements ont évolués. Mohamed Ghannouchi qui assurait la présidence par intérim de la Tunisie s’est fait viré et conformément à la constitution tunisienne, c’est Fouad Mebazaa, président de la Chambre des députés, qui a prêté serment samedi et a confié à Mohamed Ghannouchi la tâche de former un gouvernement de coalition.
La diplomatie française complètement dépassée par les évènements a opéré un virage majeur à 180°. Rappelons ici la grosse connerie de la Ministre des affaires étrangères françaises, Michèle Alliot-Marie pour la nommer, qui a tenu devant les députés des propos infamants, je cite: « … le savoir-faire, reconnu dans le monde entier, de nos forces de sécurité, permette de régler des situations sécuritaires de ce type. C’est la raison pour laquelle nous proposons effectivement aux deux pays [l'Algérie et la Tunisie] de permettre dans le cadre de nos coopérations d’agir pour que le droit de manifester puisse se faire en même temps que l’assurance de la sécurité… » Proposer à la police tunisienne l’aide de la France alors que cette même police tire et tue tous les jours des manifestants; c’est être certaine d’être en bonne position pour la nomination de la connasse de l’année!
Dans un communiqué l’Élysée s’est rangé du côté de ceux qui réclament une libéralisation politique :« Depuis plusieurs semaines, le peuple tunisien exprime sa volonté de démocratie. La France, que tant de liens d’amitié unissent à la Tunisie, lui apporte un soutien déterminé. » Il n’est jamais trop tard pour retourner sa veste!
Il faut dire que le camarade Sarko 1er était bien en cours à Tunis. En avril 2008, Nicolas Sarkozy effectue une visite d’État en Tunisie et est accueilli en grande pompe par Ben Ali. Alors qu’il recoit symboliquement les clés de la ville de Tunis, Sarko 1er se dit très honoré par la distinction qu’il reçoit des mains du maire de la capitale tunisienne et axe une partie de son discours sur l’islam en Tunisie, tolérant et ouvert. Je cite: “…qu’on aimerait voir dans tant d’autres pays. Il m’arrive de penser que certains des observateurs sont bien sévères avec la Tunisie, qui développe sur tant de points l’ouverture et la tolérance. Qu’il y ait des progrès à faire, mon Dieu, j’en suis conscient pour la France… et certainement aussi pour la Tunisie.” C’est dur de voir un pote se faire virer!